Curiosité malsaine

C’était un beau jeudi après-midi ensoleillé. Le soleil était à son zénith sans tout de fois encombrer les passants. Arianna se promenait dans l’arboretum du parc qui entoure l’école, avec son ami. Après plus de deux heures de marche et de ragots, ils décidèrent d’entrer dans l’école. Plus que deux semaines avant que les cours recommencent et les deux amis avaient bien hâte de revoir tous leurs camarades de classe ainsi que les professeurs. Ils avaient vraiment hâte de revoir ces visages heureux et compréhensifs, hâte de pouvoir recommencer à pratiquer la magie, hâte de pouvoir accomplir des choses qu’aucun humain de la Terre ne serait capable d’accomplir.

Ils entrèrent donc dans l’école. Arianna se demandait si elle aurait la chance de voir un de ses professeurs préférés avant la rentrée. Le suspense était de mise. Son camarade décida d’aller voir au rez-de-chaussée pour tenté d’apercevoir le nouveau professeur de magie d’invocation. Ils décidèrent de se rejoindre un peu plus tard devant la classe de langue romaine, au premier étage. Arianna, elle, décida d’aller se promener au deuxième étage, sans vraiment avoir une idée fixe de l’endroit où elle allait.

Elle commença donc son excursion à travers les couloirs du deuxième étage. Elle passa devant la salle de classe du cours de spiritualité sans trop si attardé, ce cours n’avait jamais été son favoris, ne l’ayant jamais vraiment affecté. Elle continua sa tournée, mais arrêta devant la porte du cours du métamorphose. Ce cours avait réellement changer son âme. Le professeur qui le donnait lui avait tant appris de la persévérance et du courage et c’est avec une authentique nostalgie qu’elle avait appris qu’il ne serait plus là cette année. Elle resta adossé contre la porte quelques minutes et ne pu s’empêcher de repenser à cet instructeur qui l’avait pris sous son aile. Elle versa même quelques larmes en repensant qu’elle ne le reverrait peut-être jamais.

Après un long moment de réflexion, elle décida de continuer de marcher. Au bout du couloir, elle remarqua quelque chose qu’elle n’avait jamais remarquer auparavant, probablement trop pressé de rejoindre ses amis au parc. Il s’agissait d’un escalier sombre dissimuler derrière un mur mystérieux. Elle pris son courage à deux mains et décida de s’y aventurer, sachant qu’elle n’avait évidemment rien à craindre dans Eredar School. Elle descendit longtemps l’interminable escalier mais descendit
finalement les dernières marches et mit le pied sur les premières dalles du plancher.
Ces premières dalles annonçaient un couloir encore plus sombre que le précédent escalier. Elle se questionna à savoir si elle devrait y aller, mais elle se dit que ce n’était qu’un couloir comme un autre. Elle avança donc quelques pas d’une démarche effrayée dans le passage ténébreux et humide. Arrivée au milieu du couloir, elle entendit des bruits de pas provenant de l’autre extrémité.

« Mes sincères salutations, Monsieur Kaeso... » furent les derniers mots qu'écrit Monsieur Kaeso sur cette fichue lettre qu'il avait dut réécrire à quatre reprise, jamais satisfait de lui-même. Il ne lui restait plus qu'à la relire et espérer qu'elle suffirait à ses attentes. Deux... trois... quatre jusqu'à une quinzaine de lignes, dont il fit la lecture et, déposant la feuille sur son bureau, il s'étira et un sourire de satisfaction se dessina sur son visage maussade. Bien que la journée était ensoleillée, presque autant que dans les contes de fées, il avait remplir des formulaires tout l'avant-midi, écrire des lettres, bref remplir de la paperasse. La pile, à sa gauche, haute d'un mètre plus ou moins témoignait de son travail acharné et celle à droite, plus ou moins d'un mètre elle aussi, montrait le travail qui lui restait. Une belle journée en perspective.

Mais Kaeso ne pouvait se laisser faire. La première pile de paperasse à avoir raison de lui n'était pas née ! Et c'est pourquoi, dans le but de ne pas se décourager, il prit la grande décision... de faire une pause. Une pause bien méritée après tout. Sans plus tarder, il se leva en un éclair et, du même coup, il fit renverser sa chaise derrière lui. Or, il ne prit même pas le temps de la replacer avant de quitter son bureau, qui soudain lui semblait son pire ennemi. Ce bureau et ses petites piles de paperasses étaient beaucoup trop dangereux pour lui, il devait absolument quitter cette pièce ! Il s'en fut donc et se promena nébuleusement à travers les couloirs de l'école, ne sachant que faire. Il rencontra ci et là des professeurs et des élèves qui le saluèrent, mais ils ne reçurent malheureusement aucune réponse. Monsieur Kaeso était à fond dans sa pause, tellement qu'il en oubliait d'être de ce monde.

Et quelques minutes plus tard, ses pas enchaînés le menèrent à un couloir plus éloigné. Un couloir sombre, celui que peu souhaitent fréquenter, puisque son nom n'invite pas à le faire. Le couloir interdit. Certes un nom effrayant, mais certains trouvaient tout de même le courage et le visiter et en sortaient fiers. Pourtant, malgré son nom, il n'était pa si illégal de s'y promené. Mais ça, Monsieur Kaeso n'allait pas le révéler. L'autre école d'Eredar avait elle aussi un endroit « interdit », alors pourquoi Eredar School ne pourrait pas en avoir un ? Mais alors qu'il songeait à toutes ces questions existensielles, il s'aperçut qu'à quelques mètres de là, un autre élève avait décidé de faire le grand pas : visiter le couloir interdit. Kaeso ralentit donc son allure et, quand il vit que la jeune élève l'avait aperçut, il esquissa un sourire, puis la dévisagea sévèrement.

« C'est un couloir interdit, chère élève. Il me semble que c'est assez simple à déduire, dit-il »

Monsieur Kaeso ne souhaitait pas vraiment la punir. L'école n'était même pas commencée, de un, et ce couloir n'avait rien d'extraordinaire, de deux. Enfin... presque rien d'extraordinaire. Presque...

Les bruits de pas devenaient de plus en plus fort et on pouvait presque entendre les petits soupirs distincts que poussait l’individu mystérieux. Arianna appréhendait de plus en plus de voir apparaître cette personne et elle envisageait le pire…

La silhouette avança. Une silhouette élancée bien dessinée, de larges épaules, un homme de toute évidence. Il portait un imposant veston sombre qui descendait jusqu’à ses genoux et un pantalon chic qui, de toute évidence, était beaucoup trop grand pour lui. Il avait de longs cheveux bouclés qui disparaissaient derrière son costume. Sa démarche était étrangement dure, mais toutefois très habile. Il avançait d’un pas décidé, sans aucune hésitation. Tout son être était supporté par une petite canne étroite, non pas qu’il en ait vraiment besoin, mais cela semblait lui donner beaucoup d’assurance.

« C'est un couloir interdit, chère élève. Il me semble que c'est assez simple à déduire, avait dit la voix. »

La voix… Une voix puissante, forte, autoritaire, une voix qu’elle connaissait très bien, l’ayant entendu à maintes reprises. Cette voix ne pouvait émaner que d’une seule personne, une personne importante et haute placée dans la société d’Eredar. Elle avait toujours redouté cette voix, non pas parce qu’elle en avait peur, mais simplement parce que son propriétaire était effrayant à sa façon, par son instabilité indéchiffrable.

Arianna restait figée, elle aurait voulu n’avoir jamais eu à faire face à cette créature humaine. Il surgit soudain dans un petit faisceau de lumière que laissait échapper une vieille fenêtre décrépie et poussiéreuse. À l’instant même où il entra dans le rayon lumineux, Arianna le reconnu; il s’agissait du professeur de magie de la foudre ainsi que le directeur d’Eredar School, Monsieur Kaeso.

Arianna était sans voix. La personne qu’elle redoutait le plus de voir dans ce couloir ténébreux se tenait maintenant devant elle et insinuait qu’elle ne devrait pas y être. Évidemment, elle ne savait pas vraiment quoi répondre à cette affirmation. Elle était surtout effrayée à l’idée d’être gronder par le directeur de l’établissement. Elle n’avait jamais été perçue comme une élève narquoise et elle ne tenait pas à ce que ce petit incident entraîne une note négative à son dossier.

Alors, dans un embarras des plus profond, elle pensa qu’il serait bien qu’elle défende un peu sa position.

« Désolé, je … je me promenais dans l’école quand j’ai aperçu cet escalier … au bout du couloir. Je ne savais pas que c’était … interdit d’y descendre, s’entendit-elle bafouiller »

Elle attendit patiemment la réponse du proviseur dans l’angoisse. Il ne semblait sûr de rien et prenait son temps pour réfléchir avant de répondre quoi que soit.

C’est après quelques minutes de réflexion que ses lèvres commencèrent à bouger tranquillement, mais aucun son ne fut prononcé.